Premier congrès international sur le rôle de la médecine dans la crise de l'occident.
Exposé sur l'autorégulation diencéphalique en Culture Psycho-sensorielle - méthode de neuro-physiologie appliquée.

On sait les remarquables progrès réalisés par la médecine dans la lutte contre la maladie organique ou infectieuse, atteinte à la santé physique. On sait également les remarquables progrès qu'ont fait la chimie et la chirurgie du cerveau dans la lutte contre la maladie mentale, atteinte à la santé psychique. Cependant, 75 % de la population présente des troubles fonctionnels somato-psychiques et psycho-somatiques. Ces sujets, sains de corps et d'esprit, donc n'étant pas des malades, ne bénéficient pas des progrès de la médecine. Ils restent lourdement handicapés dans leur vie psychologique, l'épanouissement de leur personnalité et leur capacité de s'intégrer dans la vie sociale.

Si, dans les troubles psycho-somatiques, les diverses psychothérapies apportent un soulagement certain à l'individu en résolvant ses problèmes psychologiques au niveau du vécu, ces mêmes thérapies ne libèrent pas entièrement le sujet de nombreuses manifestations telles que : angoisses, tics, bégaiement, insomnie, migraine, vertiges, angoisses, phobies, agoraphobies, claustrophobies, palpitations cardiaques, tocs, boulimie, anorexie, allergies ,dyslexie, dysorthographie, bégaiement, incapacité de concentration, timidité, troubles sexuels, énurésie, constipation, diarrhées, etc. Il demeure donc un grand nombre de troubles fonctionnels portant gravement préjudice à ceux qui en souffrent au niveau des trois ordres de vie : relation ou sensori-motrice, végétative et psychique.

Or, nous savons que toute la vie d'un sujet (sensorielle, motrice, neuro-végétative, psychique) est conditionnée par le fonctionnement de son système nerveux. C'est lui qui reçoit les informations et les stimulations venues de l'extérieur et de l'intérieur de l'organisme, qui intègre la totalité de ces éléments et qui donne les ordres nécessaires à son adaptation au milieu, à l'environnement. La partie supérieure du cerveau (psychique majeur ou cortex) assure les activités conscientes et volontaires. Les centres nerveux de la base du cerveau contrôlent le fonctionnement involontaire de tout l'organisme.

LES TROIS MODES DE VIE

Les centres nerveux inconscients et involontaires de la base régulent les trois modes de vie :

    • sensorielle ou de relation,
    • neurovégétative,
    • psychique.


Toute perturbation dans le fonctionnement de ces centres aura donc une triple répercussion. Du fait de leur remarquable complexité, ces mécanismes régulateurs sont fragiles et peuvent facilement se dérégler, soit par prédisposition héréditaire, soit par surmenage ou par agression (stress).
Ceci, nous l'avons vu, pour 75 % de la population.

Peut-on remédier à cet état de choses ? Nous nous permettons de répondre par l'affirmative.

LA LEÇON DE CLAUDE BERNARD

En 1858, dans la 10ème leçon sur la Physiologie et la Pathologie du système nerveux, Claude Bernard écrivait :

"En apprenant à manier ces organes nerveux et qui servent de régulateurs aux fonctions,
la physiologie nous donnera les moyens d'action sur les manifestations les plus élevées de l'être vivant".

"En apprenant" ... "à manier", sont termes de pédagogie. Aussi bien est-ce un pédagogue français, Georges Quertant, qui, après onze années de recherches et d'expérimentation, mit au point une méthode de neurophysiologie appliquée : la C.P.S.

Dès 1911 en effet, alors qu'il était compositeur, professeur de musique, avec son frère Maxime, médecin à l'asile Jury à Amiens, Georges Quertant étudia l'influence des sons sur le comportement humain, à partir d'images sonores codifiées selon les lois rigoureuses de l'harmonie.
Mais les techniques de conservation et de reproduction du son n'étaient pas encore développées, il fallait disposer d'un ensemble de sept musiciens; les expériences, bien que concluantes, étaient longues et difficiles. D'autre part, l'organisation nerveuse de la vision, par ses multiples connexions et la précision des mouvements de l'organe récepteur-émetteur, particulièrement sur le plan moteur volontaire, retint l'attention de Georges Quertant. Il supposa que les résultats obtenus avec l'excitant "son" pourraient être obtenus avec l'excitant "lumière", élément plus stable et plus maniable. Là aussi, les expériences furent concluantes.

La Culture Psycho-sensorielle, ou méthode Quertant, utilise donc l'unité œil-nerf optique pour :

  •  Examiner la capacité fonctionnelle des centres nerveux régulateurs de la base du cerveau.
  • Éduquer ou rééduquer ces mêmes centres par une sorte de gymnastique appropriée.
  • Éliminer, ce faisant, la plupart des troubles fonctionnels.

LES CENTRES RÉGULATEURS

Quels sont ces centres régulateurs et comment la vision peut-elle nous donner des moyens d'action sur leur fonctionnement ?

Dans le système nerveux, certains centres situés à la base du cerveau et du tronc cérébral jouent un rôle prépondérant : la Formation Réticulée et l'Hypothalamus.

  • La Formation Réticulée est un des principaux centres régulateurs de la vigilance, depuis l'éveil attentif jusqu'au sommeil profond. Elle centralise aussi toutes les informations sensorielles et neurovégétatives, et participe au contrôle de l'activité du cortex, support neurophysiologique du psychique majeur. C'est par la mise en jeu de mécanismes inconscients qu'agit la Formation Réticulée.
  • L'Hypothalamus, partie antérieure de l'appareil régulateur, est une sorte de "cerveau viscéral" qui commande à un niveau supérieur le système nerveux sympathique, et l'hypophyse, "cerveau endocrinien". De plus, l'hypothalamus est le centre des automatismes inconscients qui influencent nos sentiments et nos désirs (alimentaires, sexuels), l'agressivité, etc. Tous les états, tous les comportements d'un sujet se trouvent donc conditionnés par les centres régulateurs de la base du cerveau.

Or, nous savons que, dans la vision, l'œil n'est pas souverain. Il est avant tout un organe de transmission des excitations lumineuses. La mise au point de l'appareil optique de façon à ce que cet organe récepteur-transmetteur soit dirigé vers la source d'émission lumineuse ou "objet" se fait par les muscles oculomoteurs contrôlés par le diencéphale (corps striés, cervelet, Formation Réticulée). L'élaboration de l'image visuelle se fait dans le cortex.

Stériade (1969) a montré l'existence de relations très étroites entre la voie œil-nerf optique et la Formation Réticulée, centre régulateur des automatismes inconscients neurovégétatifs, de l'attention, de l'activité du cortex.

D'autre part, la rétine est une expansion directe du cerveau, en particulier du diencéphale, et les voies optiques sont de véritables voies de conduction nerveuses. Les stimulations optiques agissent directement sur l'hypothalamus par les voies rétino-hypothalamiques (Roussy et Mosinger 1935).
Les voies optiques sont donc bien des voies d'accès aux fonctions involontaires et volontaires, inconscientes et conscientes, aux centres régulateurs des trois vies.

Nous avons vu qu'un nombre croissant de personnes souffre de troubles fonctionnels du système nerveux central dans ces trois domaines : sensorimoteur, neurovégétatif, psychique.
Or, presque tous les sujets souffrant de ces troubles présentent aussi des troubles de la fonction visuelle : vision binoculaire et simultanée.

LE RÔLE DE LA VISION

Après des années d'expérience (de 1912 à 1935), Georges Quertant est arrivé à établir une étroite corrélation entre :

  • les troubles de la fonction visuelle (vie sensorimotrice),
  • les troubles de la vie neurovégétative,
  • les troubles de la vie psychique.

Il a pu également constater que la normalisation de la fonction visuelle (soit de la vie sensorimotrice) entraîne du même coup la suppression des troubles des autres vies. Ces trois vies étant soumises au contrôle des mêmes centres régulateurs, il est permis d'avancer qu'en normalisant la fonction visuelle, tout se passe comme si on normalisait, dans le même temps, le fonctionnement de ces centres.
Tout se passe comme si, en normalisant la fonction visuelle, soit la vie de relation, on normalisait les deux autres vies, soit l'ensemble du complexe psychosomatique.


En résumé, pour Georges Quertant :

l'étude des troubles de la fonction visuelle permet le dépistage des dysfonctions des centres régulateurs. la normalisation de la fonction visuelle permet la jugulation de ces dysfonctions et des symptômes qui en découlent au niveau des trois vies.

La méthode Quertant comprend donc deux parties :

  • l'examen psycho-sensoriel ou dépistage,
  •  la phase éducatrice ou training.

LA MÉTHODE DE DÉPISTAGE

Étudions le dépistage. Comment la vision peut-elle nous renseigner sur le fonctionnement des centres régulateurs ?

La fonction visuelle a pour premier but de nous permettre de voir les choses comme elles sont, là où elles sont. Elle nous permet de nous situer par rapport à l'environnement. Elle nous confronte au réel. Fait important : dans la fonction visuelle, le phénomène final, soit la formation de l'image visuelle, est une matérialisation, une objectivation des mécanismes de cette fonction.

Si tout l'arc réflexe qui préside à l'élaboration de l'image visuelle est normal, un sujet est capable de voir un objet tel qu'il est, là où il est, dans sa réalité objective. Toute déviation de l'image visuelle par rapport à l'objet traduit donc une dysfonction de l'arc réflexe : œil/centres régulateurs qui ont mal réagi à l'excitation lumineuse, devenue incitation sensorielle.

Les lois de l'optique expliquent les déviations de l'image par rapport à la norme de la façon suivante :
Les centres nerveux responsables des mouvements de l'œil devraient le diriger de telle façon qu'un faisceau lumineux atteigne le point le plus sensible de la rétine : la fovéa. Dans la situation normale, l'axe d'impression (lumière incidente) coïncide avec l'axe de projection (chemin apparent de la lumière incidente) et l'image apparaît au sujet telle qu'elle lui est effectivement présentée, là où elle est.

En cas de dysfonctionnement des centres nerveux, l'œil n'est pas convenablement dirigé et le faisceau lumineux n'atteint pas la fovéa. L'axe d'impression et l'axe de projection ne peuvent plus coïncider, l'image apparaît déformée au sujet, là où elle n'est pas ; de façon différente selon qu'on utilise la vision simultanée ou la vision binoculaire.

LES TROUBLES DE LA VUE

Les troubles de la fonction visuelle (troubles de la vision simultanée et de la vision binoculaire) peuvent apparaître par un dispositif instrumental spécial, prisme ou écran.Le diploscope de Rémy est un de ces appareils.

Pour le dépistage comme pour le training, Georges Quertant a modifié et perfectionné le diploscope de Rémy dans un ensemble de huit appareils utilisant certaines formes de lumières, excitants naturels de l'appareil optique. Ces excitants naturels sont les agents physiques de l'environnement qui composent l'image lumineuse : couleurs spectrales, couleurs pigmentaires, noir sur blanc, etc. Par le jeu de ces excitants et leurs différentes combinaisons géométriques, on peut obtenir de très nombreuses images-tests.

Quatre cas peuvent se présenter :

  • Le sujet réagit correctement: il perçoit toutes les images-tests dans leur réalité objective ; il n'y a pas de dysfonction diencéphalique et, quel que soit le symptôme, la C.P.S. ne sera pas une indication.
  • Le sujet réagit de façon exagérée, ce qui entraîne certaines modifications de l'image-test.
  • Le sujet réagit de façon insuffisante, les modifications de l'image-test sont différentes.
  • Le sujet réagit tantôt par excès, tantôt par défaut.

L'INTERPRÉTATION DES TESTS


Dans ces trois derniers cas, par les modifications de l'image et par l'interprétation des erreurs des mécanismes antagonistes, il est possible d'évaluer le taux d'erreurs des centres régulateurs.
Le degré de déviation de l'image visuelle par rapport à l'objet donnera le degré de dysfonction, et proportionnellement, le gain que pourra obtenir le sujet par la C.P.S.

Il est à signaler que le sujet peut réagir par excès à une certaine image géométrique, puis par défaut à la même image géométrique, selon que l'on change la nature de l'excitant. Toutes ces variations très sensibles de la fonction visuelle aux différents excitants sont significatives des difficultés du sujet à s'adapter à l'environnement, non seulement au niveau de la vie de relation, mais aussi au niveau des deux autres vies.

L'interprétation des tests, tenant compte des lois de réflexologie qui régissent tout l'organisme, permet une connaissance du fonctionnement des trois vies : sensorimotrice, neurovégétative et psychique. Le taux de dysfonction ou "nervosisme", inadaptation mineure sans substratum organique, étant fixé, il reste à entreprendre le training.

La perfection dans une discipline ne peut s'acquérir que par la perfection dans chacun des mouvements qui constituent cette discipline.
C'est l'étude analytique des mouvements musculaires qui a permis l'établissement d'une gymnastique analytique, ou culture physique, à partir d'efforts judicieusement gradués en poids, haltères, courses, sauts, etc. C'est la constance dans l'effort, la perfection et la précision dans chacun des mouvements qui contribuent à cet effort, qui distingue l'athlète du sujet non entraîné.

De même, c'est l'étude des mouvements progressifs suscités par les excitants naturels du système optique qui a permis d'établir la succession des images-tests utilisées en C.P.S. comme exercice. Les agents physiques qui constituent ces excitants s'organisent selon les lois d'Haüy ou lois de cristallisation de la matière, en des règles mathématiques et géométriques respectées dans la succession des tests. Il y a dans cette succession une graduation quantitative et qualitative de la plus grande importance pour le cours du training.

D'autre part, en ce qui concerne la perfection et la précision de l'organisation nerveuse de la vision, Stanley Jones a écrit :


"Les muscles oculomoteurs sont abondamment pourvus de récepteurs de tension ou fuseaux neuromusculaires.
Il y a dans l'œil un fuseau sensoriel pour chaque groupe. Il n'existe aucun groupe de muscles réclamant
une plus grande précision et une plus grande délicatesse de contrôle
."

LES MOUVEMENTS DES YEUX

En outre, les mouvements oculaires, signes traducteurs de l'activité neuromotrice, sont extrêmement nombreux, variés, et d'une précision qu'aucun mécanisme réalisé par l'homme ne pourra jamais égaler. Ils offrent toutes les combinaisons neuro-anatomiques désirables, et ceci pour : 16 paires de muscles antagonistes ;1 sphincter ; 7 paires de nerfs antagonistes moteurs du système cérébro-spinal ; 2 paires de nerfs du para-sympathique ; 7 paires de nerfs de l'orthosympathique ; de très nombreuses anastomoses et collatérales en rapport direct avec 18 centres pairs encéphaliques (et 1 centre impair : l'hypophyse) suscitant les fonctions des centres diencéphaliques (involontaires) et moteurs corticaux (volontaires).

Aussi bien, c'est à partir de mouvements volontaires que le training mènera progressivement le sujet à la vision normale des images-tests et à la normalisation des mécanismes involontaires qui régulent les trois vies.
Basée sur la répétition de l'effort, la C.P.S.Quertant fonctionne en complète analogie avec les autres méthodes éducatives. Le professeur de phonétique corrige les erreurs de prononciation en faisant répéter le mot à l'élève jusqu'à ce que le mouvement adapté (ici la prononciation correcte) soit mémorisé. De même, le professeur de culture physique veille à l'exécution parfaite des mouvements musculaires.

Les exercices par images-tests soumettent les centres nerveux régulateurs à un processus d'apprentissage, utilisant une technique de correction jouant le rôle d'impulsion rétroactive normalisatrice.
Par la mise en jeu de "points de référence" que le sujet fixe pendant un temps bref, avant de revenir à l'image entière, il lui est possible de voir tout à coup l'image normale.

Aussitôt que cette image normalisée commence à se déformer, les yeux sont à nouveau fixés sur le point de référence.
La technique de correction consiste à répéter l'effort pour atteindre le but recherché : la perception correcte de l'image. L'acquisition d'automatismes régulateurs est ainsi progressivement rendue possible.

LA PROGRESSION DES TESTS

En fait, en demandant au sujet d'accomplir un mouvement volontaire influençant les muscles oculomoteurs de façon à ce que l'œil soit correctement dirigé, par le jeu des mécanismes conscients et volontaires (voie pyramidale), on entraîne les mécanismes inconscients et involontaires (voie extra-pyramidale). Les centres qui président à ces activités sont eux-mêmes entraînés, et par un rapport d'effet à cause et de cause à effet, accomplissent normalement leur travail de régulation. Le training a atteint son but lorsque le sujet voit spontanément et définitivement toutes les images-tests correctes : la volonté n'a plus à intervenir, les automatismes régulateurs sont inscrits.

Au fur et à mesure que le sujet réalise des tests de plus en plus difficiles dans leur progression quantitative et qualitative, les troubles fonctionnels dont il souffre diminuent d'intensité et s'espacent jusqu'à disparition complète dans 90 % des cas. Le training s'effectue à raison de deux à trois séances par semaine, durant une période de trois mois à trois ans, la moyenne étant de dix mois.

L'UNITÉ DE L'ORGANISME

L'organisme d'un sujet constitue une unité psychosomatique indissociable et les centres nerveux régulateurs ont une action directe sur tout son fonctionnement. En rééquilibrant le système nerveux central par la voie sensorielle, on améliore sa capacité globale.
Les effets régulateurs de la C.P.S. Quertant se feront donc sentir également, avec le même pouvoir, sur la vie neurovégétative du sujet et sur sa vie psychique. La faculté de voir l'image normale est simplement la manifestation d'une transformation beaucoup plus profonde qui influence de façon proportionnelle l'ensemble de l'organisme.

La C.P.S. Quertant proprement dite est destinée à rétablir un synchronisme parfait entre les centres pairs régulateurs en inscrivant des automatismes innés, dans des conditions normales et à partir d'excitants naturels de la machine nerveuse, sans emploi de prisme ou de lentille. Il s'agit bien d'un retour à une norme, ce qui explique qu'il n'y ait transformation de symptôme, ni trouble secondaire.

De même que la gymnastique oculaire n'a aucun pouvoir sur les coxalgies, le mal de Pott, etc., de même la C.P.S. Quertant restera sans effet sur les maladies organiques nerveuses : névrites; zonas, etc. Mais elle fournit au système nerveux les moyens de créer, maintenir, stabiliser son propre équilibre ; elle peut permettre à tous d'accéder à l'équilibre psycho-somatique.

Basée sur la répétition de l'effort, la C.P.S. Quertant soumet les centres nerveux à un processus d'apprentissage. On peut donc la considérer, ainsi que le voulait son fondateur, comme une pédagogie.

Le Professeur Chauchard a dit :

"Les exercices de la C.P.S. favorisent l'objectivité dans l'accord de la réceptivité et de l'émissivité.
Ils n'ont pas seulement une valeur curative ou préventive,
mais valeur pédagogique et devraient concerner en tout premier chef l'enfant".


Il ne s'agit nullement d'une variante de méthode orthoptique de rééducation visuelle concernant l'ophtalmologie, et il est juste que le qualificatif de visuel ne figure pas dans la dénomination car l'œil n'est ici qu'un moyen commode pour atteindre un but général. Quertant en tant que musicien s'est aussi intéressé à l'oreille et nous voyons aujourd'hui une rééducation auditive proposée dans les recherches de Tomatis, qui rentrent aussi dans le cadre de cette rééducation instrumentale.

Avant de replacer l'œil dans l'équilibre unifié de l'individu, il faut déjà modifier notre conception de la vision en fonction des progrès de la neurophysiologie. Nous délimitons usuellement la motricité oculaire à la psycho motricité cérébrale. Nous oublions que cette psychomotricité n'agit pas directement sur des muscles au repos, mais sur les complexes centres nerveux automatiques oculomoteurs situés dans la base du cerveau dans le mésencéphale, et que l'activité des centres est autorégulée à partir de messages réflexes de la sensibilité musculaire, cette importante source d'information sensorielle venant de l'œil qu'on a tendance à négliger, en s'axant uniquement sur la sensibilité rétinienne, grâce à la centralisation informatrice de tous les messages sensitifs et sensoriels auxquels s'ajoute l'influence directe de la composition physico-chimique du sang irriguant ces centres.

Comme tous les neurones, les neurones oculomoteurs cérébraux et mésencéphaliques sont influencés par cette régulation qui règle leur niveau de polarisation en agissant sur leur métabolisme. Par ce moyen, ce n'est plus la seule influence de la sensibilité musculaire ou rétinienne oculaire qui se manifeste sur eux, mais toutes les influences somatiques ou psychiques qui convergent leurs effets sur la formation réticulaire. La motricité oculaire, donc l'imagerie oculaire est ainsi un test de l'état général d'équilibre ou de déséquilibre neuropsychique.


Avant que vers 1950, Magoum fasse admettre cette fonction de régulation par tous les physiologistes, elle avait été prévue par Descartes postulant un centre régulateur des esprits animaux et démontrée théoriquement puis expérimentalement par Lapicque dans ses études sur les centres régulateurs des chronaxies nerveuses (subordination), recherches qui ont inspiré Quertant.

La chronaximétrie atteste que les nerfs avec leurs modifications d'excitabilité sont le test de l'état des centres nerveux régulateurs. On sait aujourd'hui que cela modifie même la réceptivité des récepteurs sensitifs qui est liée à leur niveau de polarisation qui dépend des centres nerveux régulateurs.
Cette fonction générale de régulation avait été vue par ses aspects particuliers, par exemple la régulation du tonus musculaire source de l'harmonie motrice et psychomotrice, ce qui explique l'efficacité des méthodes de relaxation. La méthode Quertant en est l'application négligée au cas de l'œil. L'équilibre de la formation réticulaire obtenu par n'importe quelle voie permet l'équilibre oculomoteur, mais inversement l'équilibre oculomoteur a un effet général de rééquilibre dans tous les domaines par l'intermédiaire de la formation réticulaire.

Si, pour un physiologiste qui décrit un idéal d'homme normal équilibré, la formation réticulaire est le centre de la sagesse du corps, et par le cerveau, du psychisme dans l'harmonie des aiguillages nerveux, usuellement notre ignorance et notre manque d'hygiène dans le contexte d'une civilisation inhumaine, car reposant sur des idéologies socio-économiques qui négligent les besoins biologiques, font de la formation réticulaire, proie d'influx nerveux surexcités et désorganisés, le centre de cette folie psychosomatique qu'est la fatigue nerveuse avec insomnie, impossibilité de se concentrer, troubles viscéraux variés, contractures musculaires et répercussions oculomotrices que teste l'appareillage Quertant.

Une relaxation musculaire remédiant à la crispation de la fatigue peur apaiser la formation réticulaire étendant ses effets à tous les domaines psychosomatiques, il en sera de même de la rééducation visuelle.

La formation réticulaire s'est révélée le centre de la vigilance qui met en activité le cerveau ou, si elle s'arrête, conduit au sommeil. Déséquilibrée, elle est source de l'insomnie, de la fatigue nerveuse à laquelle remédie la relaxation musculaire, mais aussi tout ce qui rééquilibrera la formation réticulaire.

 La vigilance, c'est cérébralement la possibilité d'une bonne régulation de la sur-vigilance d'attention et de la sous-vigilance de distraction. Ces états de conscience dépendent de modifications cérébrales (excitation attentive, inhibition de distraction) qui sont commandées par les automatismes inconscients de la formation réticulaire. Apprendre à faire attention demande donc, non une crispation de tension, mais une harmonie par la détente de la formation réticulaire.


En dehors même du niveau cérébral de conscience, l'harmonie motrice est donc un automatisme d'attention et de distraction permettant la bonne répartition de la tension entre les neurones des muscles synergiques et antagonistes. Les méthodes de relaxation sont la rééducation du contrôle cérébral de cette harmonie motrice et par là, une rééducation générale de l'attention. C'est cette attentivité rééquilibrante que permet la rééducation visuelle de l'appareillage Quertant, grâce au contrôle permanent de l'activité des centres régulateurs par le contrôle permanent de l'image visuelle, avec une rigueur mathématique.

Le pouvoir d'attention repose donc sur ce calme et cette paix intérieure qui dépend de la formation réticulaire. Mais ce calme dépasse le domaine de la vie de relation et concerne aussi tout l'équilibre sympathique et hormonal en s'étendant à la partie antérieur de l'appareil régulateur, l'hypothalamus, ce cerveau viscéral qui commande à un niveau supérieur le sympathique et l'hypophyse, cerveau endocrinien.

Tous les efforts d'adaptation exagérés demandés à notre organisme par de mauvaises conditions de vie, mettent l'hypothalamus dans ce déséquilibre baptisé par Selye, de "Stress" source des troubles viscéraux d'origine nerveuse. Rééquilibrer les centres de la base du cerveau rétablit la paix dans l'hypothalamus : contrôler le calme en soi par la relaxation musculaire, comme par tout contrôle réceptif, comme aussi donc par la rééducation oculaire Quertant, agit ainsi sur l'harmonie viscérale et permet de l'atteindre indirectement, alors qu'elle échappe normalement au contrôle volontaire.

Lorsqu'on connaît le grand arc-réflexe du stress : hypothalamus-hypophyse-surrénales, et que l'on connaît le rapport œil-hypothalamus, on comprend aisément l'action de la C.P.S Quertant dans les suites de ce choc.
Mais la paix hypothalamique a encore plus d'importance car l'hypothalamus est le centre des automatismes qui expriment nos états affectifs et nos besoins (alimentaires, sexuels, agressivité). Il est important de savoir que les sentiments et les désirs reposent sur des automatismes inconscients des centres de la base du cerveau. Plutôt que d'opposer les états affectifs agréables et désagréables, il faudrait distinguer entre les états affectifs calmes et les états énervés et crispés.

L'équilibre et la santé reposent sur la joie que procure l'apaisement hypothalamique, tandis que l'énervement hypothalamique est source d'angoisse et de peur, aboutissant à un déchaînement agressif, de la timidité à la toxicomanie ou au déchaînement auto-érotique narcissique, défense contre la rencontre de l'autre, but de la sexualité. La rééquilibration hypothalamique de la méthode Quertant sera ainsi une vraie rééducation caractérielle facilitant les relations sociales, dont on ignore trop qu'elles ont une base neuro-sociologique. Dans une perspective d'unité psycho-somatique, rééquilibrer l'aspect individuel de la personne, en équilibre l'aspect relationnel et par le fait même, l'aspect civique et communautaire.

LES INDICATIONS DE LA MÉTHODE

A - EXPRESSION SENSORIELLE

Perturbations des fonctions du système cérébro-spinal - vie de relation.

Troubles des sens dits "sensoriels" ; à ne pas confondre avec les troubles des "organes des sens".

Troubles se manifestant, les organes des sens étant sains et bien conformés.

Troubles des "facultés sensorielles"

Troubles de la localisation de la sensibilité et de la motricité sensorielle consciente, d'où troubles des fonctions de l'association et de la coordination de ces sensations (images)

Troubles des fonctions propres à l'élaboration des engrammes et de leur conservation (mémoire) ;

Troubles psycho-sensoriels et psycho- moteurs

Troubles dans l'élaboration et l'association des arcs réflexes, éléments constitutifs des "réflexes conditionnels" ou "associés".


B - EXPRESSION NEUROVÉGÉTATIVE

Nervosisme avec répercussions sur les systèmes de la vie végétative (ortho et para-sympathiques) avec manifestations et troubles des "fonctions" chimico-organo-végétatives ; affections dans lesquelles se dégagent des facteurs neurovégétatives à syndromes cardio-vasculaires, endocriniens, digestifs, respiratoires, tégumentaires.

C - EXPRESSION PSYCHIQUE

Perturbations fonctionnelles des centres coordinateurs, régulateurs et des voies associatives servant de base à la vie mentale avec altération des fonctions réflexologiques d'élaboration, d'association, de réalisation des réflexes conditionnés ; troubles, dissolutions, dysharmonies du complexe somato-psychique.
Troubles de la dynamogénie et de l'inhibition ; perturbations et dislocations des processus de l'activité nerveuse propres au substratum organique qui supporte l'activité psychique, troubles de l'entendement, du jugement, du comportement, du caractère, du sens commun, intellect, mémoire, volonté, etc. se manifestant chez tous les sujets atteints de nervosisme, comportant des réactions par exagération, par défaut, par déviation, par perversion.

REMARQUES

Il est à signaler que les formes et apparences des manifestations "psychiques" du nervosisme peuvent être identiques et semblables chez les hyper et hypo-autocinétiques (hypersthéniques et asthéniques).
Tandis que des sujets d'apparence parfaitement calme peuvent subir les effets du nervosisme, d'autres, au contraire, donnant des signes d'agitation, d'affections dites nerveuses, n'en sont nullement atteints, ces troubles provenant d'un état constitutionnel ou organique déficient.
Les techniques et méthodes de la C.P.S.Quertant permettent de déceler, mettre en évidence, observer, déterminer, affirmer objectivement les minimes, infimes et diverses anomalies des complexes modalités, formes et conditions strictement neuro-fonctionnelles (sans aucun substratum organique), causes et bases profondes du nervosisme et de ses trois expressions.